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La bécasse au pays du canard
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11 septembre 2014

A la croisée des mondes

Elle s'était levée ce matin là une fois de plus en proie à un désarroi intense. L'horizon lui parut bouché, tout comme le paysage qui disparaissait dans le brouillard quand elle ouvrit sa fenêtre.

Sa vie lui sembla morne et elle se lamenta : comment sortir de là, de cette situation qui lui paraissait inextricable, chaque jour un peu plus insoluble. Une partie d'elle-même lui soufflait de laisser son désespoir s'exprimer tandis que l'autre lui intimait l'ordre de se battre. Mais comment ? Elle avait des ennemis, elle subissait des injustices... Il y avait ces médecins qui ne voulaient rien entendre, cette psychologue, sans même parler de sa voiture qui se mettait à faire des siennes. Louche ça. On ne pouvait donc faire confiance à personne ?

Elle se sentait seule et c'est dans cet état d'esprit qu'elle entama sa journée. Tout, jusqu'à l'odeur même du café lui semblait fade ou insupportable. Le babil des enfants était affreux cris de perruches, sa maison était laide et terne.

Ce n'est qu'au début de l'après midi qu'elle pensa à lui.

Lui, cet homme qui savait si bien débrouiller tous les mystères. Elle qui en avait si souvent entendu parler, n'avait jusque là jamais osé aller à sa rencontre. On a ses timidités, et c'était un si grand homme ! Mais cette fois ci, sans perdre de temps, elle partit à sa recherche et le trouva sans peine.

Elle fut émerveillée par ce petit homme. Elle savoura son humour, son accent, ses assertions françaises. Elle s'attendrit devant son petit sourire malicieux, apprécia comme il se doit le travail des "petites cellules grises", admira sa justesse de jugement...

Elle s'amusa de ses petites manies, et sa moustache si soignée la combla de joie.

Le brave homme savait écouter attentivement, posait des questions pertinentes, était indulgent avec les faibles et les pauvres gens, et sévères avec les puissants et les méchants, et sa courtoisie un brin surannée était délicieuse...

Très intriguée, elle suivit le déroulement de l'enquête de près et jusqu'au bout, tâchant d'y voir clair avant l'expert. Mais ce fut peine perdue. Avec une adresse virtuose, il débusqua bientôt les coupables, les démasqua, les rendit à la justice.

Tout était fini. Elle se senti libre, allégée de ce poids. Elle regarda devant elle et vit le ciel bleu, le feuilles de arbres s'agitant dans la brise légère et leurs ombres danser sur le sol.

Sa main caressa la couverture du livre jaune qu'elle venait de fermer.

Elle sourit en murmurant : "Hercule Poirot m'a sauvée !"

 

images

 

 

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Commentaires
M
Je crois que les assertions de ce très cher Hercule ne sont pas françaises mais belges ...
L
Bel hommage à un de mes héros préférés... passion transmise à mes enfants... Les regardons et les lisons en famille...
C
Je suis une vraie fan... Bel hommage à notre cher Hercule ! Votre billet m'a intriguée un long moment avant de comprendre. Hercule s'en friserait la moustache de plaisir s'il vous lisait... A bientôt, Marie-Jo
B
quel pouvoir cet Hercule Poirot!
S
Ah, le pouvoir de la lecture ! <br /> <br /> Quel talent de narratrice...mais je me surprends à espérer que ce récit n'ait rien d'autobiographique.
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